Brief
Romain Rolland an Richard Strauss
Samstag, 1. Dezember 1906, Paris

relevant für die veröffentlichten Bände: I/3a Salome, I/3b Salome (Weitere Fassungen)
[1r]

Cher ami

Je vous écris un mot tout à fait confidentiel, dont je vous prie de ne rien dire surtout à aucun des Français que vous verrez, ces jours-ci, à Berlin.

Votre Salomé fait un bruit de tous les diables dans cette petite ville de province qu’est le Tout-Paris des théâtres et des boulevards. Il faut que vous le sachiez : la question qui se débat en ce moment est beaucoup moins une question d’art, qu’une question d’actrices, qui se disputent à l’avance le rôle de Salomé. Chacune a son parti. Et, ce qui est comique, c’est que les deux partis[,] s’imaginent [?]ant (je ne sais pourquoi) que je [1v] jouissais de quelque crédit auprès de vous, sont venus s’adresser à moi, pour me demander d’agir sur vous dans le sens qu’ils voudraient.

Je n’ai pas besoin de vous dire que si j’avais à agir, ce ne serait ni pour les uns, ni pour les autres, mais pour vous. Je vous écris pour vous conseiller d’être très prudent, et de vous défier en ce moment de toutes les belles paroles et des sollicitations dont vous ne pourrez manquer d’être assiégé ; car je ne doute pas que l’un ou l’autre des deux partis, – (ou tous les deux à la fois) – ne cherchent à vous circonvenir. Il est bien fâcheux que vous ne puissiez pas juger par vous-même, sans vous en remettre au jugement des autres, qui ont tous, plus ou moins, et pour des raisons diverses, pris parti dans l’affaire. Je ne puis malheureusement vous conseiller au sujet des deux actrices ; car je ne connais que l’une des deux ; et je pars, ces jours-ci, de Paris, [2r] pour quelques mois.

Rappelez-vous aussi, que le privilège du directeur de l’Opéra de Paris doit être renouvelé dans une quinzaine de jours, – (à ce que j’entends dire), – et qu’il est très possible (probable même) que Gailhard ne soit pas renommé, et qu’on nomme à sa place Carré ou Messager. Peut-être y aurait-il avantage pour vous, – quoi que vous décidiez, – à différer votre réponse définitive à Gailhard, (si elle n’est pas encore donnée), jusqu’à ce que cette question ait été tranchée. Au cas où ce serait Carré qui serait nommé, ce serait à vous de voir alors s’il ne vaudrait pas mieux remettre d’un an les représentations de Salomé à Paris, et traiter avec la nouvelle direction, (qui commencerait seulement en Janvier 1908), – ou si vous préférez être joué tout de suite, et vous accommoder de Gailhard. Je ne vous cache pas que j’aimerais [2v] mieux pour vous un Carré, comme metteur en scène ; car j’ai peu de confiance dans le goût de Gailhard. Dans le cas où ce serait décidément à celui-ci que vous auriez affaire, il serait bon que vous pu[i]ssiez suivre d’assez près le travail de la mise-en-scène et des répétitions, – ou qu’à votre défaut, un ami en qui vous ayez confiance s’en charge à votre place, - (mais un ami d’Allemagne, qui soit tout à fait en dehors des ces petites questionscoteries parisiennes.) Et toutes les fois que vous aurez possibilité de voir, d’entendre et de juger les choses par vous-même, faites-le, ne vous en remettez pas à d’autres. Il y a toujours trop d’intérêts en jeu, à Paris. Presque personne n’est libre.

(Tout ceci, strictement entre nous.)

– Je quitte Paris, comme je vous le disais, pour quatre ou cinq mois. J’ai pris un congé d’un an à la Faculté des Lettres, parce que je suis un peu fatigué, et surtout parce que je veux écrire tranquillement, cette année, un roman et une pièce que j’ai en tête.

[3r] Peut-être nous rencontrerons-nous en Italie, où je resterai sans doute jusqu’à Pâques. Je pense aller ensuite, pour un[,] deux mois, en Espagne, et revenir à la fin Mai à Paris, où il y a en ce moment un projet de représentation en plein air, (sur la place de l’Hôtel de Ville), de ma pièce: le 14 Juillet, avec 1500 ou 2000 acteurs. (Cela aurait lieu, le jour même de la fête du 14 Juillet.) J’aurais plaisir à monter cela, avec Gémier, qui est un manieur de foules admirable.

Au revoir. Croyez, je vous prie, à mon affectueux dévouement
Romain Rolland.

[3v] Astruc m’a écrit qu’il avait quelque chose à me demander de votre part. Je lui l’ai prié de venir me voir, ou de me l’écrire. Mais je n’a il ne m’a plus donné signe de vie.

Bemerkung

Der Brieftext ist vollständig in lateinischer Schrift verfasst.

verantwortlich für die Edition dieses Dokuments: Claudia Heine

Quellennachweis

  • Original: Richard-Strauss-Archiv (Garmisch-Partenkirchen), Signatur: [ROMAIN ROLLAND, o. Nr.] (Autograph) (Transkriptionsgrundlage)

    • Hände:

      • Romain Rolland (handschriftlich)
    • Autopsie: 2016-11-15

    • Reproduktionen:

      • Bayerische Staatsbibliothek (München), Signatur: Ana 330.III.Rolland, Nr. 15

        • Autopsie: 2019-11-26

Bibliographie (Auswahl)

  • Übersetzung in Romain Rolland / Richard Strauss / Maria Hülle-Keeding (Hrsg.), Richard Strauss - Romain Rolland: Briefwechsel und Tagebuchnotizen. Einleitung von Gustave Samazeuilh (= Veröffentlichungen der Richard-Strauss-Gesellschaft München, Bd. 13), Berlin, 1994, S. 113–115.
  • Edition in Romain Rolland / Richard Strauss / Gustave Samazeuilh (Hrsg.), Richard Strauss et Romain Rolland.: Correspondance. Fragments de Journal. Avant-propos de Gustave Samazeuilh (= Cahiers Romain Rolland, Bd. 3), Paris, 1951, S. 83–85.

Zitierempfehlung

Richard Strauss Werke. Kritische Ausgabe – Online-Plattform, richard‑strauss‑ausgabe.de/d04520 (Version 2021‑09‑29).

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